La fin du cuir pour les ballons annonce aussi des évolutions dans la maroquinerie: Nostalgie ou progrès?
Un clin d’oeil à la coupe du monde de Rugby qui vient de se terminer par un parcours étonnant de l’équipe de France et parachevée par une finale qui laissera des regrets à tous ses fans.
Pendant des années depuis les débuts de ce sport et comme pour d’autres sports, le ballon était en cuir, fabriqué à la main par des artisans qualifiés. Les premiers ballons ont été semble-t-il créés vers 1835 par William Gilbert, cordonnier de la ville de Rugby, en Angleterre, où ce sport a été inventé, s’inspirant d’un sport français pratiqué dans le sud-ouest et appelé la Soule. La vessie ( la partie interne gonflable) fut même longtemps une véritable vessie de porc. Le ballon était composé de quatre panneaux (plus nombreux pour le football) cousus avec force et dextérité pour un assemblage devant résister à toutes les turpitudes que peut connaitre un ballon de sport.
L’accessoire avait une certaine beauté, autant due à son façonnage qu’aux matériaux employés. Cependant, au fil du temps et des exigences des hommes, il apparaissait des lacunes en matière de performances; glissant des mains (pour le rugby), plus lourd par temps humide, peu précis pour les coups de pieds, usure rapide de la surface; l’industrie le repensera progressivement dans des matières de synthèse très techniques afin d’obtenir de meilleurs rendements sportifs et probablement financiers.
Curieusement, la France, qui fut et est encore une grande productrice de maroquinerie et accessoires en cuir ne se consacra jamais vraiment à cet accessoire et ce sont des anglais qui s’établirent en France au début du 20e siècle pour importer et vendre leur production aux français. Ce seront ensuite les équipementiers historiques, dont la marque Gilbert, qui produiront la plupart des ballons.
Concernant les ballons « vintage« , on trouve facilement sur le web une offre abondante de rééditions de ballons en cuir consacrés de nos jours comme objet de décoration, certains étant de très bonne qualité.
L’avenir de la maroquinerie ressemble-t-il à cette lente mutation des ballons vers des matériaux plus technologiques? On sait que la demande mondiale et la production de cuir étant croissante, cette matière première a connu des hausses de prix considérables ces dernières années.
Les conséquences sont des collections de sacs de plus en plus proposées dans d’autres matières comme le lin, la toile, le cuir synthétique, le nylon et même les bâches publicitaires ou les pneus recyclés.
Le cuir a donc tendance à devenir une matière de luxe et cela semble durable. La maroquinerie « en cuir » devrait donc devenir, malheureusement pour les amateurs, un produit élitiste.
